Quand on écoute en conscience… Maria Montessori, l’autonomie de jugement et l’effet boule de neige

Ensemble, poser toute son attention, tout sa concentration dans un son à longue résonnance, le suivre jusqu’au bout… et en même temps découvrir que lorsque le son n’est plus là, nos perceptions nous permettent de l’entendre encore…

C’est une découverte fondamentale pour un musicien : le son peut exister « à l’intérieur de soi ». On peut donc en garder la mémoire, puis apprendre à le CREER grâce à son oreille intérieure (entendu un DO, savoir « créer » un RE, un MI, et même des notes disjointes).

Il ne s’agit pas d’un apprentissage qui vient de l’extérieur (et qui aurait besoin de supports comme de petites mélodies à plaquer, « Il pleut bergère » pour la tierce mineure, « la Marseillaise » pour la quarte…) mais de la capacité de se repérer à partir du simple « fait sensoriel ». Je parle là d’enfants de 5 ou 6 ans.

Cet apprentissage naturel et spontané est possible parce que dans la pédagogie Montessori (conception des activités dans le respect des principes énoncées par Maria Montessori) l’enfant est seul juge du résultat de ses recherches. Il peut se tromper et a la possibilité de s’en apercevoir par lui-même grâce au « contrôle de l’erreur », que l’utilisation du matériel intègre de par sa conception.

Ainsi, en expérimentant il construit ses propres notions, et ses notions sont basées sur des constatations factuelles. Il s’agit d’acquisitions solides sur lesquels l’enfant peut s’appuyer.

Surtout – et il est important de l’expliciter puisque tel est l’OBJECTIF de la pédagogie Montessori – l’enfant a qui on offre la possibilité d’exercer son jugement apprend très exactement à se fier à son propre jugement.
Dans un environnement bienveillant, qui respecte la dignité de ce jugement, l’enfant pourra étendre cette autonomie dans tous les autres domaines, comprendre et respecter ses propres besoins et – parce qu’ils sont assouvis – se montrer empathique vis à vis des besoins autrui.

Maria Montessori était psychiatre, et a construit sa méthode à partir de l’observation du « fonctionnement » de l’enfant ; les neurosciences, plus de cent ans plus tard, confirment largement le bien fondé de ses observations et des principes qu’elle en a tiré.

Et nous, nous nous régalons d’accueillir les enfants dans un environnement bienveillant et non-jugeant où ils peuvent venir s’exprimer, apprendre à s’auto-réguler et se nourrir des bienfaits de la musique.